bilan socio-économique de la marche

bilan socio-économique de la marche
L’ADEME, Agence de la transition écologique, a mené une étude pour quantifier la marche dans les déplacements et établir un bilan socio-économique de la marche, afin de connaître les effets de ce mode de déplacement.
L’ADEME, a établi ses calculs à partir de l’Enquête Mobilité des Personnes de 2019 (EMP 2019). En 2025, les chiffres concernant la marche restent d'actualité, seul le nombre de pratiquants du vélo a très fortement augmenté depuis 2019.
Ces chiffres varient selon :
- le sexe : les femmes marchent plus que les hommes, 25,8% contre 22%
- l'âge : pour les jeunes de moins de 18 ans et les personnes de plus de 65 ans, la marche représente plus de 30% de leurs déplacements contre en moyenne 20% pour le reste de la population et même 15% pour les 45/54 ans
- le lieu de vie : les parisiens utilisent la marche pour 38% de leurs déplacements alors que c'est 12% en milieu rural.
L'EMP 2019 distingue trois types de marches : les déplacements qu'on pourrait qualifier d'utiles (pour aller travailler, à l’école, faire des achats…), les distances parcourues pour les loisirs, les randonnées ou le sport et tous les déplacements dans les espaces privés (domicile, lieu de travail, école...).
Les déplacements utiles représentent les trajets effectués uniquement à pied ou intégrant une part de marche intermodale lorsqu'on utilise les transports en commun (ex : trajet du domicile à l’arrêt de bus ou de train). Sont aussi pris en compte les déplacements pédestres effectués lors de voyages longue distance. Les personnes de plus de 6 ans marchent en moyenne 12 minutes par jour pour 0,8 km.
Les déplacements de loisirs, randonnées et sport ont pris une place de plus en plus importante dans la distance globale parcourue à pied, soit 18 minutes par jour pour 1,2 km.
Les déplacements dans les espaces privés constituent la plus grande part : 41 minutes par jour pour 1,5 km.
En moyenne, tous modes de transports confondus, les Français de 11 ans et plus se déplacent 2 heures par jour, pour une distance totale de 43 km. La marche, sous les trois formes étudiées, représente 72% de cette durée et 8% de cette distance. Le second moyen de déplacement reste la voiture avec 37% de la durée et 26% de la distance.
L’ADEME a mis en évidence les impacts, positifs, de la marche et évalué les économies réalisées grâce aux déplacements à pied.
La marche a des impacts positifs sur l’efficience des actifs en emploi pour obtenir de bonnes performances à travers la hausse de la productivité, la réduction de l’absentéisme et du turn-over. Cette efficience a été évaluée à 123 milliards d'euros.
La marche a un impact positif sur la santé, qui à lui seul serait suffisant pour faire la promotion de cette activité physique, et il est aussi financier. Les travaux du chercheur en épidémiologie Kevin Jean ont permis de calculer un gain de 142 milliards d'euros des coûts de santé.
Les espaces de la voirie dédiées aux piétons reviennent moins cher à aménager et entretenir que ceux attribués à la voiture et présentent l’avantage de consommer moins d’espace public. Les déplacements à pied génèrent une économie de 7,5 milliards d’euros pour les collectivités territoriales.
Les économies réalisées grâce à un moindre impact environnemental de la marche, dû à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, du bruit, de la pollution atmosphérique et de la congestion routière, sont de 4,8 milliards d'euros.
La marche est le mode de déplacement le moins cher de tous, et a un effet direct sur le budget des ménages avec une économie de 2 milliards d’euros, soit 33 euros par habitant.
Le commerce de proximité a beaucoup à gagner au développement de la marche. La part des piétons dans cette activité est évaluée à plus de 2 milliards d'euros.
Les dépenses liées aux déplacements pédestres utiles (chaussures, vêtements...) sont estimées à 750 millions d'euros et celles du secteur de la randonnée à 6,8 milliards d'euros.
L’ADEME relève un grand nombre d'autres impacts pour lesquels une évaluation financière est difficile à établir, mais qui n’en demeurent pas moins importants pour la société. Différentes études ont souligné que la marche avait un impact positif sur l'amélioration des apprentissages des étudiant.e.s, qu'elle augmentait le degré d'autonomie des enfants, qu'elle favorisait les liens sociaux et l'aménité des lieux de vie, qu'elle réduisait la pression sur les transports en commun.
Ce bilan socio-économique évalue les gains ou économies de la marche à près de 300 milliards d'euros. Une projection estime le bénéfice à 30 milliards supplémentaires si nous augmentions la part des déplacements à pied de 24% à 30%.
Cet objectif est aisément atteignable pour peu que les collectivités locales, qui ont la compétence dans l'aménagement des espaces publics, aient la volonté de prendre à bras le corps ces questions. ENDEMA93 n'a eu de cesse de les interpeller pour que les documents d'urbanisme comme le Plan Local d'Urbanisme Intercommunal (PLUi) et le Plan Local de Mobilité (PLM) intègrent des mesures favorisant les déplacements doux à la hauteur des enjeux de notre territoire. Force est de constater que le PLUi et que le PLM ne reprennent pas l’ensemble des propositions que notre association avait présentées.
Le Plan Local de Mobilité du territoire Grand Paris Grand Est a été arrêté le 1er juillet 2025. La participation du public par voie électronique au sujet de ce PLM sera ouverte vers la mi-octobre. Mobilisons-nous pour que le piéton soit réellement placé au cœur des politiques de mobilité, pour un plan ambitieux pour la marche et les mobilités actives et la reconnaissance de cet enjeu majeur pour notre santé.