Visite de la carrière de l'Ouest

Le samedi 20 septembre 2025, à l’occasion des Journées du Patrimoine, une visite de la carrière de l'Ouest de Gagny a été organisée par l’EPT Grand Paris Grand Est, la ville de Gagny et l’Atelier CEPAGE, chargé des études et de la maîtrise d’œuvre de l’aménagement du parc nature.

Les aménagements vont mettre un point final à l'aventure de la carrière de l'Ouest. Vous pouvez relire toute la saga (ici et ici). Depuis le début, ENDEMA93 avait pour espoir que ce lieu emblématique de 14 hectares en Seine-Saint-Denis devienne un espace dédié à la nature. Après des années de combat, nous avons réussi.

Nous voulons ici saluer tout.e.s celles et ceux qui ont pris part aux multiples actions, en commençant par Henri Druesne et Jean Denis, qui les premiers se sont opposés aux dégradations et pollutions du site par la société Marto. Saluons la mobilisation des riverains, des associations, et tous les manifestants qui ont défilé contre le projet de la Gabinienne d’aménagement qui voulait, avec l’aval de la commune et de la préfecture, construire plus de 2000 logements.

Et c’est suite au recours d’ENDEMA93 que l’annulation du Plan Local d’Urbanisme de Gagny par le Tribunal administratif (lire ici) a enrayé la dynamique de consommation des espaces naturels.

Cette formidable réussite nous prouve que la ténacité et les compétences de notre association et la mobilisation des citoyens permettent de gagner des combats au long cours.

ENDEMA93 a participé à la visite. Malgré une pluie fine, les deux groupes prévus, de 20 personnes chacun, étaient présents. Nous étions guidé.e.s par Elsa Lann de l’EPT et par l’Atelier Cépage, en suivant le réseau de chemins en boucle.

Le site est composé principalement sur sa partie basse d'un terrain plat, à gauche de l'entrée. Il a été anciennement remblayé et terrassé. Le remblai est composé essentiellement de matériaux inertes : brique, béton, céramique... Il n'est donc pas source de pollution. Il peut y avoir des poches de pollution, qui ont été détectées grâce à des analyses du sol soignées et qui seront traitées.

Le sol est pauvre, ce qui se prête à la création d'une prairie sèche, milieu de grand intérêt botanique et d’une grande importance pour les insectes qui sont la base de l'alimentation de chauves-souris et de beaucoup d’oiseaux, et qui assurent, par ailleurs, un service essentiel de pollinisateurs. Les prairies font partie des milieux en forte régression en Ile-de-France, à cause de la disparition de l'élevage.

Le deuxième milieu le plus en régression étant les zones humides, il a été proposé de créer des mares, en tirant partie du sol tassé en cuvette par les engins. Ces zones humides sont les milieux les plus riches en biodiversité et indispensables au cycle de vie des toutes les espèces.

Dans sa partie haute, l'espace est composé d'un deuxième terrain plat, à droite vers l'est, au bout d'un chemin qui longe puis pénètre dans un boisement. Cette plateforme a été terrassée et tassée, mais n’a pas été remblayée. Elle est couverte actuellement d'une sorte d'enduit argileux qui colle aux chaussures et laisse le terrain nu. Elle devra faire l'objet d'un traitement permettant une renaturation.

Entre les deux et autour des deux parties planes, une végétation boisée relativement fournie. Le robinier notamment est très présent dans la partie centrale. Les futurs aménagements et modes de gestion devront prendre en compte la problématique des espèces envahissantes : robinier, mais aussi renouée du Japon, qui commence à bien s'implanter en bordure sud et dans le chemin qui monte vers la plaine haute.

Les habitats souterrains des chauves-souris ont été conservés grâce à un aménagement innovant piloté par l’ANCA, utilisant des conteneurs ainsi que la pose de grilles.

Si l'essentiel des aménagements sont validés, il reste quelques questions pour respecter l’objectif «  80% de la surface du site non dérangée pour préserver la nature et la biodiversité », notamment sur l'installation d'un caniparc, la création d’un cirque de verdure et, l'aménagement de certains chemins qui pourraient perturber le bon fonctionnement de la biodiversité en dérangeant la faune.

Un parking de 40 places, à gauche de l’entrée, est prévu. Pour ENDEMA93, cette installation viendra amputer d'autant l'espace dédié à la nature et envoie le message « utilisez votre voiture », ce qui va à l'encontre des objectifs de lutte contre les effets du réchauffement climatique. De plus, ce parking permanent, qui serait donc ouvert en dehors des heures d’accès au parc, est une incongruité dans le cadre du projet de parc nature. ENDEMA93 demande plutôt une entrée supplémentaire côté ouest et la création de liaisons douces qui desservent le site.

ENDEMA93, qui fait partie du comité de pilotage, continuera à suivre l'évolution du projet d’aménagement de la carrière de l'Ouest.